Même
si le Seigneur
des Anneaux
fut initialement publié à partir de 1954, c'est le tournant des
années 1960 à 1970 qui marqua le début de sa diffusion grand
public (il fallut attendre 1972 pour une première traduction
française). Les lecteurs découvrirent aussi au cours de cette
décennie les premières représentations visuelles tirées du
roman
sur grand écran, ou au travers de calendriers illustrés. Enfin, les
années 70 ont aussi favorisé la naissance d'une nouvelle industrie
du loisir : celle de la figurine fantastique destinée aux jeux
de rôle, aux jeux de plateaux ou au jeux de guerre. Jusqu'alors, les
soldats de plomb concernaient les amateurs d'Histoire ou de tradition
militaire. C'est en adaptant des règles de jeux de guerre (wargames)
à une dimension individuelle de quête personnelle, et en y ajoutant
des éléments surnaturels propres à la Fantasy (magie, monstres et
créatures, races non humaines) que fut inventé le jeu de rôle,
dont le plus célèbre des précurseurs fut « Donjons &
Dragons », en 1974. Ce nouveau loisir créa un besoin de
représentation matérielle des différents personnages que l'on y
rencontre (et qui viennent remplacer les pions dans les jeux
traditionnels). Et bien sûr, l'oeuvre monumentale de Tolkien fut au
départ l'une des principales source d'inspiration de cette nouvelle
industrie, qui se développait en même temps que le succès grand
public du livre. Des centaines de milliers de magiciens, guerriers,
Elfes, Nains et Orques en plomb allaient bientôt déferler sur les
tables de jeu. Sans oublier quelques Balrogs !
Les
années 70 virent ainsi la commercialisation de plusieurs modèles de
Balrogs - plus ou moins réussis - par quelques fabricants pionniers,
avant que l'industrie de la figurine ne prenne son envol au cours des
années 80 et que le grand démon ailé armé d'un fouet ardent et
d'une épée ne devienne un classique indémodable du secteur.
Les
modèles Miniature Figurines (Minifigs)
La
plus ancienne figurine de Balrog portée à ma connaissance fut celle
des britanniques de Miniature Figurines Ltd, une société fondée
en 1965 à Southampton et propriétaire de la marque commerciale
« Minifigs », dont l'essentiel du catalogue était
destiné aux joueurs historiques. Ce modèle est daté de 1973 et fut
diffusé au travers de la gamme fantastique 25 mm « Mythical
Earth ».
|
Extraits
du catalogue, gamme Mythical
Earth,
Miniature Figurines, 1975 |
On remarquera la proximité phonétique et
contextuelle de celle-ci avec le « Middle-Earth » de
Tolkien, ce qui n'était pas un hasard, cette ligne de figurines
reprenant de nombreuses références lexicales spécifiques à
l'auteur (Gondor, Rohan, Ithilien, Harad, etc) et comportait
notamment un « magicien » et des « Hobbits ».
Même si elle ne fut pas produite sous licence officielle, la gamme
Mythical Earth fut donc la première ligne de figurines fantastiques
directement inspirée du Seigneur des Anneaux.Extraits
du catalogue, gamme Mythical
Earth,
Miniature Figurines, 1975.
La
production de figurines fantastique n'était alors encore qu'un
artisanat, avec un niveau technique de sculpture encore peu mature
(les sculpteurs utilisaient de l'étain de soudure qui était ensuite
retaillé, ou de l'argile synthétique, pour créer leur pièce
originale et la plupart des sculpteurs étaient encore des transfuges
du secteur historique, aux poses militaires plus figées).
|
Balrog,
référence ME30, Minifigs, 1973 |
Ce
Balrog produit par Minifigs peut être rattaché à l'école
bestiale, avec une tête léonine, et ce qui ressemble à du pelage
ou des flammes, ou un pelage enflammé, sur l'ensemble de sa
silhouette humanoïde.
Si
beaucoup pensent que nous restons là assez éloigné du féroce
« démon de l'ancien monde » décrit par Tolkien( voir même assez proche du lion peureux du Magicien d'Oz), notons
tout de même qu'au-delà de ses limitations techniques, cette
figurine reste dans l'esprit de la description minimaliste de
l'auteur : une silhouette humanoïde assez floue et
potentiellement enflammée, une crinière, des naseaux, un fouet et
une épée. Et elle évite l'écueil des cornes ou des sabots de bouc
jamais décrits par Tolkien. Fait notable, ce Balrog est aussi
dépourvu d'ailes (et ce fut sans doute le seul dans ce cas de toute
l'histoire du loisir d'ailleurs).
|
Demon typ VI,
référence DD5, Minifigs, circa 1975 |
La
même société produisit deux ou trois ans plus tard une figurine de
démon ailé armé d'un fouet et d'une épée. Diffusé sous la
référence DD5, ce nouveau modèle était alors destiné à la gamme
« Donjons & Dragons » pour y représenter un démon
de « type VI ». En jetant un œil sur le livre de règles
de ce premier jeu de rôle grand public, on comprenait vite que
ceux-ci étaient directement inspirés du Barlog de Tolkien :
« Leurs
armes favorites sont une énorme épée +1 et un chat à neuf queues,
ce dernier étant utilisé pour entraîner l’adversaire dans les
flammes que ces démons sont capables de générer autour d’eux ».
Outre-atlantique,
deux sociétés pionnières allaient alors reprendre le flambeau des
pionniers britanniques pour dynamiser le marché naissant mais
florissant de la figurine fantastique : Custom Cast, établie par
Duke Seifried dans l'Ohio en 1972 (sur la base d'une activité de
production de figurines historiques nommée « Der
Kriegspielers » et remontant aux années 50), et Heritage
Models, fondée par Jim Oden à Dallas au début des années 70.
Le
modèle Custom Cast
|
Gamme
de figurine « Der Kriegspielers Fantastiques », circa
1978 |
Duke
Seifried rencontra J.R.R. Tolkien en Angleterre à la fin des années
60, qu'il sollicita au cours d'un voyage d'affaires. Il proposa à
l'auteur de sculpter des figurines inspirées du Seigneur des Anneaux
pour les enfants de celui-ci (Christopher et Priscilla).
Si le
professeur, décédé à l'automne 1973, n'eut pas l'occasion de voir
le résultat, Seifried vendit ensuite 10 000 exemplaires du blister
de la « Communauté de l'Anneau » qu'il proposa en 1974
dans sa gamme « Fantastiques », sous la référence 1057.
Et comme on peut le voir dans la publicité, cette gamme
de figurines allait bientôt offrir s'étoffer d'un imposant Balrog,
référence 1086.
|
Balrog, référence 1086, Custom Cast, circa 1976
|
L'interprétation
faite par le sculpteur est ici plutôt singulière, s'écartant à la
fois de la description romanesque et de la représentation démoniaque
classique.
Ce Balrog tire plus sur le Troll ailé, et sans que l'on
puisse vraiment identifier l'efet recherché par l'apparence
grumeleuse de l'épiderme (des petites bulles de lave ? De simples
pustules ?).
Les figurines Heritage Models
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Balrogs,
référence 1309, Heritage Models, 1976 |
La
société texane Heritage Models produisit de son côté en 1976 une
série de Balrogs vendus en blister de quatre. Ressemblant plutôt à
des gargouilles dotées de petites ailes, ces Balrogs étaient
toutefois armés de fouets et d'épées.
Heritage
Models intégra ensuite l'activité de Custom Cast en 1977 et
Seifried vint s'installer au Texas (c'est ainsi qu'on retrouve des
références « Der Kriegspielers » au sein de la marque
Heritage après cette date).
La
sortie du film d'animation de Ralph Bashki permit ensuite à la
marque texane d'obtenir une licence officielle pour commercialiser
une vaste gamme de figurines dédiées au Seigneur des Aneaux à
partir de 1978.
Parmi
celles-ci se trouvait une nouvelle représentation du Balrog,
réalisée cette fois dans l'esprit du film d'animation, mais
uniquement disponible via un coffret nommé « Les Mines de la
Moria ».
Le
Balrog
de ce coffret est un modèle de dimension réduite (d'une hauteur
équivalente à celle d'une figurine standard), et peinant à
reproduire fidèlement les caractéristiques du Balrog de Bashki :
le corps est entièrement velu, le torse moins musclé et la tête
moins léonine.
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Mines of
Moria,
boîte référence 3000, Heritage, 1978 |
|
Balrog,
boîte référence 3000, Heritage, 1978 |
Cette
figurine fut remplacée à l'été 1980 par un nouveau modèle,
référence 1765. Peut-être frustré par la modestie du précédent
modèle, le sculpteur travailla cette fois sur un modèle plus
imposant : 110 grammes une fois les ailes assemblées, et culminant à
75 mm de hauteur. Inspiré de l'école bestiale, avec des ailes plus
classiques de chauve-souris et légèrement plus humanoïde, la
figurine conserve toutefois une sculpture assez fouillie, et une pose
plutôt figée.
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Balrog,
référence 1765, Heritage, 1980 |
Cette
figurine fut ensuite rééditée, sous la référence 4000, par la société Texas Miniatures (qui reprit une partie des moules Heritage à leur cessation
d'activité en 1983).
NdA :
Les moules originaux de ces modèles de Balrogs appartiennent
aujourd'hui à un amateur passionné de l'Arizona. Celui-ci réalise de
petites séries à la demande (uniquement sur son temps libre, qui
reste très limité), et que le lecteur pourra contacter via le site
« Classic Miniatures » (classiminiatures.net).
Les deux
modèles de notre collection sont issus de ses ateliers, et nous en
profitons pour remercier encore ici Michael pour sa gentillesse et
sa disponibilité à nous fournir ces pièces introuvables en Europe.
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Balrogs, Heritage Models, 1978-1980
|
Les
modèles Ral Partha
|
Tom
Meier (à g.) et Dennis Mize | |
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Comme
souvent, c'est par la rencontre d'une personnalité iconoclaste
et d'une innovation technique que se produisit alors une première
révolution dans le monde de la figurine fantastique.
L'agent du
changement se nomme Tom Meier. A quinze ans seulement ce jeune
passionné était déjà sculpteur de figurines en free-lance, avant
de participer à la fondation de la société Ral Partha à
Cincinnati aux USA en 1976, alors qu'il n'avait même pas vingt ans.
A
la suite d'un malentendu, Tom Meier fut le premier à utiliser de la
résine epoxy bi-composant pour sculpter des figurines entières, un
matériau que tous les modélistes et collectionneurs connaissent
désormais sous le nom de « green stuff » et qui est
devenu un incontournable du loisir. A l'époque, les propriétés
plastiques spécifiques de ce nouveau medium de sculpture, associée
à son imagination débridée, permirent à Tom Meier de proposer des
figurines au style détonant et au dynamisme inédit, ou encore
d'atteindre un niveau de détail jusqu'alors impossible, comme dans
la représentation des anneaux des cottes de mailles, par exemple.
Concernant
les Balrogs chez Ral Partha, un premier modèle fut produit en 1976
sous la référence 01-003.
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Balrog,
référence 01-003, premier modèle, Ral Partha, 1976 |
Une représentation de l'école bestiale,
assez humanoïde, qui semble hésiter entre la gargouille et l'Orque
ailé, et qui reste éloignée d'un terrible démon de feu, même si le
fouet et l'épée sont bien présents.
Sa
posture est moins statique que le standard de l'époque, avec une
flexion des jambes, une expression faciale et un écartement des bras
qui offre un début de dynamisme. Le niveau de détail reste
toutefois limité et la figurine assez plate (moulage d'une seule
pièce dans un seul plan oblige). On note que son entre-jambe est
vide et lisse, un détail anatomique qui va vite prendre ton son sens
avec le modèle suivant.
|
Balrog,
référence 01-003, second modèle, Ral Partha, 1979 |
Ce
Balrog de l'école démoniaque à la virilité exhubérante remplaça
le modèle précédent, sous la même référence. Mais c'est par ses
lignes torturées et nerveuses et grâce à sa posture très
dynamique que ce modèle marque une rupture par rapport aux standards
de l'époque. Avec cette sculpture, Meier s'approprie l'aspect
tri-dimensionnel de l'instantané : la figurine orientée de
trois-quarts, le bras levé, les lanières du fouet en suspens, une
jambe fléchie l'autre tendue, une épée négligemment posée au
sol, des flammèches qui s'élèvent de la crinière. Le jeune
sculpteur gomme enfin l'héritage lisse et figé de la figurine
militaire qui pesait encore sur le secteur, ajoutant même un brin
d'humour potache, et propulse ainsi le loisir dans les années 80, où
l'originalité et le second degré seront souvent recherchés.
Plus
prude (mais guère moins ridicule), une version « string »
de cette seconde sculpture fut aussi proposée, sans doute à destination du
marché U.S. où une classification « PG » (contrôle
parental) peut vite s'avérer funeste pour un produit avant tout
destiné à la jeunesse.
Il
existe même une troisième variation de ce modèle, toujours « au
naturel », mais avec un faciès différent, plus proche de la
chauve-souris, et un membre viril moins détaillé, moins exubérant.
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Balrog, référence 01-003, seconde et troisième variantes du second modèle
|
|
Balrog, référence 01-003, troisième variante du second modèle |
Ce
Balrog de Meier fut ensuite réédité sous la désignation « Balrog
unleashed » (référence 19-081) en 1995, au sein de la gamme
commémorative « Remembered » saluant les 20 ans de la
marque Ral Partha.
Balrog
Unleashed,
référence 19-081, seconde variante, Ral Partha, 1995.
Un
classique donc, qui, au travers de ses différentes variantes et de
sa présence au catalogue jusqu'à la fin de la marque, marqua très
certainement son époque.
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Balrog,
de John Blanche, in Warhammer
Fantasy Battles,
2nd
Edition, 1984 |
La
paire d'ailes qui équipait cette figurine fut rapidement réutilisée
pour un autre modèle de Balrog, dit « armored » en
raison de sa cotte de mailles. Celui-ci fut proposé sous la
reference 01-081 au sein de la même gamme (dont le nom complet était
« Personalities and Things that go Bump in the Night »).
Cette fois, la conformation des membres postérieurs, la posture
voûtée et la tête chevaline faisaient plus pencher cette
représentation du côté de l'école bestiale.
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Armored
Balrog,
référence 01-081, Ral Partha, 1979 |
(Notons
qu'il exista aussi une légère variante de ce modèle, de dimension assez modeste, avec le fouet
collé au bras gauche, et que ma figurine ici présentée est équipée d'une épée plastique pour remplacer l'originale manquante).
On
retrouvait encore cette paire d'ailes, en triple exemplaire cette
fois, dans la boîte Ral Partha « The Black Prince's Chariot of
Fear » (référence 01-127).
|
The Black
Prince's Chariot of Fear,
coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
Une nouvelle création exhubérante
de Tom Meier de 1984, dans laquelle deux Balrogs tirent le char de
combat aux roues enflammées d'un certain « Prince Noir »,
véhicule lui-même constitué d'un vaste bouclier porté par un
troisième Balrog en position accroupie ! Sans doute une
référence (lointaine) aux combats du Premier Age décrits par
Tolkien, dans lesquelles les Balrogs (fort nombreux) officiaient
comme capitaines d'armée ou gardes rapprochés de Morgoth, le « noir
ennemi du monde ». On retrouve en partie le style du Balrog précédent dans ces modèles aux traits nerveux, tout en notant encore
une fois le dynamisme des poses des trois différents Balrogs.
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Balrog 1,
composant du coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
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Balrog 2,
composant du coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
|
Balrog 3,
composant du coffret référence 01-127, Ral Partha, 1984 |
Cet
ensemble est toujours disponible à l'achat de nos jours (sous la
même référence) via le catalogue du fabricant Iron Wind Metals de
Cincinnati, ou via leur filiale commerciale « Ral Partha
Legacy ».
Black
Prince's Chariot of Fear,
référence 01-127, Iron Wind Metals.
Black
Prince's Chariot of Fear,
référence 98-0746, Ral Partha Legacy.
(Le modéliste averti notera toutefois qu'il s'agit d'un coffret à l'échelle 25mm, et non 28mm).
Visiblement
jamais à court d'inspiration en matière de Balrogs, Meier sculpta
dès l'année suivante, à l'occasion du dixième anniversaire de Ral
Partha, un « seigneur des Balrogs » dénommé « Ral »,
également vendu en coffret.
|
« Ral »
Lord of the Balrogs,
boîte référence 10-412, Ral Partha, 1985 |
Celui-ci
proposait encore une fois une approche assez déjantée et radicale
du concept : une créature au corps humanoïde mais à tête
enflammée de saurien à la gueule grande ouverte, se tenant dans une
posture de défi hystérique face à ses potentiels adversaires. Pour
le modéliste, cette grande figurine (les ailes culminent à 12 cm de
hauteur et la figurine assemblée pèse plus de 130 grammes) a le
mérite de s'assembler facilement à l'aide de seulement 4 pièces
différentes.
A
l'instar du char de combat du Prince Noir, cette figurine existe
toujours dans la gamme Iron Wind Metals, mais cette fois sous
l'appellation « Ral, Lord of the (Underworld) Fire Demons »,
absence de droits de licence oblige, et est désormais proposée en
blister, avec une référence identique.
RAL, Lord of
the Underworld Fire Demons,
blister référence 10-412, Iron Wind Metals.
Reprenant le flambeau de Meier, c'est la sculptrice Julie Guthrie qui travailla ensuite sur un nouveau modèle de Balrog pour étoffer la gamme Ral Partha. Si la taille de cette nouvelle figurine était assez limitée, celle-ci bénéficiait d'une grande finesse de sculpture, l'une des caractéristiques du style Guthrie. Un Barlog très marqué par l'école bestiale, à tête quasi lupine avec une peau et des ailes écailleuses et une posture extrêmement réaliste. Cette figurine datée 1991 fut initalement commercialisée sous le nom Balrog, référence 02-967 au sein de la gamme « All Things Dark and Dangerous ».
|
Balrog,
référence 02-967, Ral Partha, 1991 |
Cette figurine est désormais disponible sous la référence 51-0773 et le nom
« Greater Demon III » chez Ral Partha Legacy, ou sous la
référence DF-229 et sous le nom « Balefire Demon with
sword » chez Iron Wind Metals.
Balefire
Demon with sword,
référence DF-229, Iron Wind Metals.
Greater
Demon III,
référence 51-0773, Ral Partha Legacy.
On
notera que Guthrie avait déjà sculpté un autre modèle de démon
ailé au sein de la même gamme. Dénué de fouet et intialement
nommé « Seigneur Démon », c'est une créature
démoniaque plus classique et plus martiale, mais qui s'inspire tout
de même du Balrog avec son épée ardente.
|
Demon
Lord,
référence 02-954, Ral Partha, 1988 |
Ce modèle est d'ailleurs maintenant disponible sous l'appellation « Balefire Demon » et la référence DF-201 chez Iron Wind Metals, après avoir été proposé en blister RP-095 sous le nom « Underworld Fire Demon », et on le trouve également chez Ral Partha Legacy sous la référence 51-0774 et la désignation « Greater Demon IV ».
Balefire
Demon,
référence DF-201, Iron Wind Metals.
Greater
Demon IV,
référence 51-0774, Ral Partha Legacy.
La
gamme All
Things Dark and Dangerous
se vit ensuite adjoindre un nouveau modèle inspiré du Balrog avec
un blister de trois figurines nommé « Seigneurs du Feu », et
comprenant notamment un démon de feu ailé armé d'un fouet et d'une
épée et jaillissant d'une flamme.
|
Fire
Lords,
référence 02-514, Ral Partha, 1995 |
Bien
que méconnu, ce modèle signé Jeff Grace est l'une des rares
figurines produites qui respecte les principaux critères qui
permettent de définir littéralement le Balrog, en insistant
notamment sur sa dimension originelle d'esprit de feu, que beaucoup
de sculpteurs ont délaissé au profit de l'école bestiale ou pour
mettre en avant des attributs classiques de l'école démoniaque
(cornes et sabots de bouc par exemple, que Tolkien n'a jamais
décrit).
Ce
blister incluait également à l'origine un « élémentaliste »
(sorcier maître d'un élément, ici le feu) déjà commercialisé
sous la référence RP-364, ainsi qu'un démon mineur brandissant un
cobra (!), une figurine sans doute elle aussi extraite du catalogue
déjà existant.
Ces
trois figurines se trouvent désormais séparément au sein de la
gamme Direct Fantasy chez Iron Wind Metals, sous les références
DF-600 à DF-602.
Fire
Demon with sword,
référence DF-601, Iron Wind Metals.
Alors
que le fonds de figurines Ral Partha avait été racheté par la
société FASA de Chicago en 1998, apparut dans la dernière édition
du catalogue papier Ral Partha (daté de 2000) un autre modèle que
l'on peut assimiler à un Balrog.
|
Fallen
Angel,
référence 01-191, Ral Partha, 1999 |
Celui-ci étant un démon humanoïde
ailé, armé d'une épée enflammée et d'un fouet. Initialement
diffusée sous la référence 01-191 au sein de la gamme
« Personalities » et appelée « l'Ange déchu »,
sans doute en clin d'oeil direct au folkore de Tolkien au sujet des
Maiar corrompus, cette représentation de l'école démoniaque
mélangeait des traits de visages très humains à des
caractéristiques reptiliennes dans une posture assez dynamique, et
avec une belle finesse de sculpture, signée Dennis Mize.
Ce
modèle est lui aussi désormais proposé par Iron Wind Metals avec
une référence inchangée.
Fallen
Angel,
référence 01-191, Iron Wind Metals.
Enfin, pour clore le sujet des figurines diffusée sous label Ral Partha, notons la référence 01-201, cette fois non équivoque puisque nommée "Balrog Demon" et datée de 2001. Une belle pièce, ailée et dûment armée d'un fouet et d'une épée flamboyante. La société Ral Partha n'existe déjà plus à cette époque, et après un court épisode FASA, c'est la société Iron Wind Metals qui a racheté le fond de catalogue (on peut ainsi retrouver ses coordonnées au dos de ce blister).
Droit de licence oblige, le modèle fut renommé « Démon de feu et d'obscurité », en conservant sa référence
01-201, pour être proposée sous blister IWM.
|
Demon
of Fire and Darkness (Fire Demon),
référence 01-201, Iron Wind Metals, 2001. |
C'est
le modèle le plus humanoïde porté à ma
connaissance, avec de nombreux éléments vestimentaires ou d'armure,
des pieds et non des sabots, ainsi qu'un faciès aux oreilles
pointues (qui se rapproche de l'idée que les Orques sont à l'origine
des Elfes dénaturés, et par extension que toutes les créatures de
Morgoth seraient d'une certaine façon des formes corrompues de la
Création originelle). Une figurine qui pourrait tout-à-fait être
une interprétation de Gothmog, le seigneur des Balrogs du Premier
Age et capitaine militaire de la forteresse d'Angband.
Les
modèles Grenadier
L'autre grand fabricant nord américain du tournant des années 70 à 80 était la marque Grenadier Models, fondée en 1975 en Pennsylvanie.
Elle compta jusqu'à quarante
collaborateurs et vendit plus de 6 millions de figurines à travers
le monde en vingt années d'existence.
Le lancement de la gamme
« Wizards and Warriors » en 1976 fut l'occasion de sortir
un premier modèle de « Démon de feu » dans un blister
accompagné de trois « spectres » sous la référence
W28.
Demons
and Wraiths,
référence W28, Grenadier Models, 1976.
|
Demon,
référence W28, Grenadier Models, 1976 |
La
sculpture peu détaillée et la pose relativement figée restent
alors typiques des productions de cette période tandis que
l'interprétation est cent pour cent bestiale, avec un faciès
simiesque sur un torse musclé et un bas du corps entièrement velu
et des sabots aux membres inférieurs.
Une
nouvelle version de cette figurine fut ensuite proposée dans un
premier coffret incluant divers monstres de la même gamme, sous la
référence WW002.
Deux
ans plus tard, l'acquisition des droits de licence « Donjons et
Dragons » offrit l'occasion à la marque de proposer de nouveau
l'ensemble sous la référence 5002, mais toujours avec la même
illustration, et dans lequel la figurine était toujours nommée
« Démon » pour coller au bestiaire officiel de ce jeu de
rôle.
|
Boîtes référence WW02 et 5002, Grenadier Models, 1978 et 1980.
|
Le
démon ailé armé d'un fouet et d'une épée figure en vedette sur
l'illustration de ces deux boîtes. Il mène plusieurs gobelins en armes
dans un réseau de galleries souterraines en pierres de taille, une
représentation évidemment inspirée du chapitre de Tolkien sur le
Pont de Khazad-Dum (et au moment judicieux où le film d'animation de
Bashki sortait sur les écrans).
Ces
conditionnements alternatifs au blister d'origine permirent aussi à
Grenadier de faire évoluer la sculpture et de proposer deux
variantes du modèle avec le bras droit levé, et dans une posture
moins voûtée, mais de dimension nettement réduite. Les principales
différences entre les deux versions avec bras levé étant la forme
du socle (ovale ou carré), la position du fouet (sur le genou ou en
travers du ventre) et la forme de la garde de l'épée (droite ou
étoilée).
|
Variantes
du « Démon », Grenadier Models, 1976 à 1980. |
Le
modèle original de 1976 est toujours disponible à la vente et
aujourd'hui, et désormais proposé par le fabricant italien
Mirliton, qui a racheté une grande partie des moules Grenadier, et
qui le vend sous la référence DL006, en blister de deux
« Monstres ».
Après
le tournant des années 80, Grenadier Models commercialisa une
nouvelle gamme de figurines fantastique sous le nom de « Fantasy
Lords », très diffusée et dont on trouve encore des figurines
sous blister de nos jours.
Cette ligne accueillit en 1983 une très
belle figurine de Balrog de l'école bestiale, sous l'appellation
« Armored Balrog » (et qui sera rééditée plus tard au
sein de la gamme « Fantasy Classics » sous la référence 323).
|
Armored
Balrog,
référence 179, Grenadier Models, 1983 |
Le choix de replier les ailes au-dessus de la tête dans un même plan fut contraint par la technique de moulage de cette pièce monobloc, mais cela la distingue des représentations habituelles ailes écartées, le reste de la sculpture étant à la fois sobre et dynamique. Si la tête de ce Balrog hésite entre le lion et le gorille, celui-ci affiche une queue qui est bien celle d'un lion, et son côté bestial est contre-balancé par une cuirasse et un bouclier d'inspiration antique tandis que la sculpture d'épée enflammée est de belle qualité.
Mirliton
vend toujours ce modèle de nos jours, sous la référence CH019 et sous
un nom inchangé.
La
même année, une figurine référence 060 au nom de « Mutated
Troll » (Troll
mutant
sur les blisters en français) fut proposée dans la même gamme.Sa
paire d'ailes et sa hache nous ont semblé un excellent choix pour en
faire une rapide conversion en Gothmog, capitaine de la forteresse
d'Angband (en changeant simplement la tête de sa hache pour un
modèle à double lames).
« Gothmog
arriva, le Grand Capitaine d'Angband, il s'enfonça comme un coin
entre les armées des Elfes, encerclant le Roi Fingon et rejetant
Turgon et Húrin vers le marais de Serech. Puis il se tourna vers
Fingon, et la rencontre fut rude. A la fin, Fingon se retrouva seul,
tous ses gardes morts autour de lui, à combattre avec Gothmog. Alors
un autre Balrog vint par-derrière, lui lança comme une lanière de
feu, et Gothmog l'abattit d'un coup de sa hache noire. »
Le
Silmarillion
– Quenta Silmarillion – Chapitre Vingt.
|
Gothmog, capitaine d''Angband. D'après
Mutated Troll,
référence 060, Grenadier Models, 1983. |
La
gamme Fantasy
Lords
s'étoffa en 1985 d'un nouveau modèle de Balrog référence 510,
aussi de l'école bestiale, toujours avec des traits assez simiesques
et une présence de quelques éléments de pelage.
Elle fut d'abord
proposée avec un premier modèle d'épée enflammée et portant un
pendentif, puis dans une nouvelle version avec une épée simplifiée,
et sans le pendentif.
|
Balrog,
référence 510, première et seconde variante, Grenadier Models, 1985. |
C'est
cette version qui fut incluse dans le coffret sous licence nommé
« Sauron's Dark Ones ». Celui-ci
contenait neuf figurines : le Balrog, un spectre des Galgals, un
Troll noir, un capitaine Orque, Saroumane, Gollum, un Warg, un Nazgûl
et un énigmatique « Vampire des montagnes ».
Peut-être
une référence à Thuringwethil,
le serviteur de Sauron à l'époque du Premier Age... ?
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Sauron's Dark
Ones,
coffret référence 7502 |
Cette
figurine de Balrog est désormais disponible via le catalogue
Mirliton, sous l'appellation « Demon lord » référence
CH016, mais dans une troisème variante équipée d'une cotte de
mailles.
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Demon Lord,
référence CH016, Mirliton SG, date inconnue.
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Quelques
années plus tard, c'est par le biais du sculpteur Bob Naismith,
crédité pour avoir créé le tout premier modèle de Space Marine
chez Citadel (entre autres) et travaillant alors en freelance, que la
marque ajouta une nouvelle référence de Balrog à son offre.Elle
était proposée pour le jeu de batailles Fantasy
Warriors
écrit en 1990 par Nick Lund, lui aussi un transfuge de Citadel.
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The Fiend,
référence 5350, Grenadier Models, 1992 |
Initialement
nommé « The Fiend » (le Démon, l'Ennemi, au sens
satanique), sa sculpture singulière la rend inquiétante, presque
dérangeante, ce qui est sans doute un compliment pour une
représentation de Balrog, et l'on ne sait s'il faut la classer dans
la catégorie démoniaque ou bestiale.
C'est aussi un modèle
imposant et lourd, dont le sommet de la tête culmine à 90 mm et
dont les huit pièces à assembler pèsent presque 200 grammes. Colle
epoxy et tiges d'acier sont ici nécessaires pour assembler
durablement cette figurine. Les collectionneurs trouveront maintenant
ce modèle chez les italiens de Mirliton.
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Balrog,
coffret référence CR001, Mirliton SG |
Puisque
nous venons d'évoquer les créateurs britanniques Naismith et Lund,
il est temps de s'intéresser aux Balrogs produits de ce côté-ci de
l'Atlantique. Si Minifigs, fondée en 1964, s'était affiché comme
fabricant précurseur au Royaume-Uni, il faudra attendre la fin des
années 70 et le tournant des années 80 pour voir les britanniques
pénétrer durablement, puis dominer le marché de la figurine
fantastique.
Le modèle Asgard
Miniatures
Fondée
en 1976 (par un trio qui comptait notamment Bryan Ansell), Asgard produisit un Balrog sous la référénce FM53 au sein de sa gamme Fantasy
Monsters.
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Balrog,
référence FM53, Asgard Miniatures, date inconnue. |
Cette
sculpture signée Nick Bibby nous offre un modèle de l'école
démoniaque « au naturel » - plus mesuré toutefois que
la version de Tom Meier - et doté d'une paire d'ailes assez
massives, ce qui ne facilite pas son équilibrage. La fluidité de la
silhouette humanoïde très inspirée par la notion « d'esprit
de feu » et la posture très martiale le distinguent du reste
des représentations.
Ce
modèle peut se trouver aujourd'hui au sein du catalogue de la marque
Alternative Armies, sous la même référence, au sein d'une offre
reprenant une partie des moules Asgard et simplement nommée
« Classic Asgard Fantasy ».
Les
modèles Citadel
Bryan
Ansell quitta ensuite rapidement Asgard Miniatures en 1978 pour
fonder la marque Citadel Miniatures. Le rejoindront bientôt d'autres
sculpteurs transfuges d'Asgard, comme Nick Bibby, Tony Ackland ou Jes
Goodwin. La marque proposa un premier modèle inspiré du Balrog en
1982 au sein de sa gamme Fiend
Factory.
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Winged Demon
with sword and whip,
référence FF5, Citadel, 1982 |
Ce
modèle bestial très réussi, à la pose à la fois simple et
irradiant d'une sourde menace, sera repris en 1983 dans la série C,
au sein du lot C31 nommé « Giant Monsters », cette fois
sous la désignation « Balrog » et sous la référence
GM-05.
A la suite de convolutions juridiques de distribution, cette
figurine se retrouva également au sein du catalogue Ral Partha au
milieu des années 80 (mais sous sa désignation et sa référence
initiale).
L'année
suivante, Tony Ackland proposa sans doute le modèle le plus incongru
de Balrog fabriqué à ce jour. Nommé « Golgoth, puissant
seigneur des Balrogs », ce kit - imposant pour l'époque -
proposait un modèle de la plus pure école bestiale, sorte de
chat-garou aux ailes de chauve-souris, à queue de serpent et dard de
scorpion (!).
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Golgoth,
Mighty Lord of Balrogs,
référence TA1, Citadel, 1984 |
Ici,
l'école bestiale dominait tellement que le modèle est dépourvu de
ses armes emblématiques, et doit se contenter de ses griffes, tandis
que toute référence au « démon de feu » de Tolkien est
passé aux oubliettes. Il faut bien avouer que c'est là un modèle
assez improbable et qui, en dehors de son nom emblématique, n'a que peu de rapport
avec la création de Tolkien...
Ce
modèle dispensable fut rapidement remplacé par un autre, toujours
signé Ackland et nommé en toute modestie « A'angor, le Balrog
gigantesque, pourfendeur de dieux, démon majeur des plus profonds
abysses de l'enfer», et diffusé sous la même référence. Même si sa sculpture était moins ridicule, les réserves
restent globalement les mêmes que pour le modèle précédent.
Poursuivant
dans son exploration de l'inattendu, Citadel proposa l'année
suivante une nouvelle déclinaison de démon de feu au sein de sa
série C, dont la conception fut confiée à Nick Bibby.
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Winged Fire
Demon,
référence C29, Citadel, 1985
|
Après
son Balrog démoniaque et martial chez Asgard, brandissant haut son
épée, le sculpteur proposait ici une version plus bestiale, et de
toutes évidences beaucoup plus lasse.
Comme si le vieux démon
multi-millénaire était désormais perclus d'arthrose, marchant
voûté, la tête basse, traînant à grand-peine son fouet et
peinant à brandir son épée ardente. Une proposition assez
singulière.
La
même année, Citadel obtint les droits de franchise du Seigneur des
Anneaux, ce qui permit à la marque britannique de produire une large
gamme de figurines dédiées pendant deux ans (avant qu'une toute
jeune filiale de Prince August nommée Mithril Miniatures n'achète
les droits exclusifs en 1988).
Cette gamme Citadel dédiée à
l'oeuvre de Tolkien proposa trois coffrets référencés BME1 à
BME3 : un set de dix figurines représentant la Commuauté de
l'Anneau (incluant un modèle pour le poney Bill), un set comportant
deux Nazguls, l'un à pied, l'autre monté sur créature volante, et
enfin une grande boîte nommée « Rencontre à Khazad-Dum »
qui incluait un imposant Balrog faisant face aux personnages de
Gandalf, Aragorn et Boromir.
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Encounter at
Khazad-Dum,
référence BME3, Citadel, 1987 |
En
1990, j'avais lu récemment le Seigneur des Anneaux pour la première
fois et - on le comprendra aisément au vu de la longeur de cette
article dédié aux Balrogs - lorsque j'ai découvert dans un
catalogue de vente par correspondance la ligne relative à cette
boîte de figurines, lue et relue des dizaines de fois, il fut
difficile de me l'ôter de l'esprit. Comme toujours avec Citadel, son
prix était assez exorbitant : 230 francs si ma mémoire est bonne
(nous étions une fratrie de quatre, seul mon père travaillait et
les cadeaux à plus de 150 francs étaient généralement réservés
aux grandes occasions comme Noël ou les anniversaires). Je ne savais
même pas à quoi ce kit ressemblait, le catalogue ne contenait pas
de photo détaillée, peut-être une vignette minsucule en noir et
blanc, et à l'époque Internet n'existait pas. L'achat par
correspondance d'après catalogue papier avec un délai de livraison
de 2 à 4 semaines restait la norme pour tout achat spécialisé non
disponible dans les magasins locaux. Mais rien que de savoir que
cette boîte de figurines contenait un Balrog et les principaux héros
du chapitre relatif au pont de Khazad-Dum qui m'avait tant frappé
lors de ma lecture suffisait à nourrir un désir obsessionnel à son
sujet.
Le
Destin étant ce qu'il est, je me suis blessé grièvement au début
de cet été là. Double fracture du tibia et péroné avec
arrachement du cartilage de la cheville. Plus de cinquantes jours de
plâtre et de béquilles sans poser le pied par terre. En guise de
lot de consolation (?), mes parents ont consenti à m'acheter ce kit.
Trente-trois ans plus tard, j'ai toujours cette boîte et toutes les
pièces et figurines qu'il contenait. Même à l'époque où, devenu
« adulte » et « sérieux », je ne faisais
plus de modélisme, cette boîte est restée sagement rangée dans un
coin, et ces figurines m'ont toujours suivi dans mes différents
déménagements.
Le
Balrog de ce coffret, toujours signé Nick Bibby, propose une version
outrageusement bestiale à tête de minotaure, tout en muscles, armé
d'une épée et d'un fouet à lanières mutliples tous deux très
détaillés et massifs, figé dans une pose très dynamique qui la
rend particulièrement aggressive et qui nécessite un socle très
long pour compenser le porte-à-faux du démon se projetant ainsi
vers l'avant.
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Balrog,
référence BME3, Citadel, 1987 |
Le
socle à lui seul pèse 60 g (plus que les trois figurines de
Gandalf, Aragorn et Boromir réunies), et la figurine complète
dépasse les 230 grammes. L'assemblage doit se faire avec de la colle
epoxy et les différentes parties nécessitent des tiges d'acier,
sauf les ailes pour qui un tenon taillé dans le dos du Balrog et une
mortaise formé par l'assemblage des deux ailes peut suffire avec un
collage epoxy adéquat. Une fois assemblé, ce modèle demande aussi
de pratiquer un masticage important avant de le peindre, et c'est non
sans une petite pointe de fierté que je l'ai récemment remonté, en
se disant que l'adolescent encore inexperimenté d'alors s'en était
plutôt bien tiré dès la première fois avec ce kit exigeant.
Après
1988 et le rachat des droits exclusifs par Mithril, Citadel cessa de
produire officiellement des Balrogs jusqu'en 2001.
Mais
officieusement, de très nombreux modèles de démons ailés d'allure
ultra martiale furent développés très régulièrement pour
alimenter les gammes de jeu de la maison mère.
Ainsi ce « Balgorg »
(sic), démon ailé de la race des « Baalrukh » (re-sic)
commercialisé dès 1987, et qui ne fut que le premier d'une très
longue série qui dure jusqu'à nos jours...
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Balgorg,
référence C31, Citadel, 1987. |
Citadel
racheta ensuite de nouveaux droits de franchise (non exclusifs) pour
accompagner le lancement de la trilogie cinématographique de Peter Jackson
en 2001, et c'est tout naturellement qu'un nouveau boîtage
comprenant un Balrog (et une figurine de Gandalf) fut alors proposé,
sous le titre « Duel à Khazad-Dum » (en VF).
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Balrog, in Duel à
Khazad-Dum,
Citadel, 2001 |
Il
s'agissait ici bien sûr pour les sculpteurs de reproduire au mieux
le Balrog conçu par le studio Weta Digital pour le film, dont la
figurine reprend les grandes lignes. Initalement proposé tout en
métal, le kit fut ensuite rapidement proposé avec des ailes en
plastique pour l'alléger (en le ramenant sous la barre des 200
grammes), et faciliter ainsi son assemblage et son équilibrage.
Grâce à ces ailes légères, ce modèle bénéficie de la plus
large envergure de tous les Barlogs présentés dans cet article (24
cm !).
Mais
c'est aussi un modèle notoire pour la médiocrité de ses
ajustements, et qui nécessite en effet d'importants masticages de
ses différentes parties.
Une
seconde variante fut proposée lors de la sortie du troisème film de
Jackson, elle aussi avec des ailes en plastique, reprenant la même
esthétique mais sculptée dans une attitude plus ramassée.
C'est
à cette période que ce fabricant décida d'abandonner le monde de
la figurine moulée en métal ou en résine pour se consacrer aux
maquettes en plastique injecté, sortant de ce fait du cadre de la
présente étude.
Les
modèles Mithril (Prince August)
Cette
filiale de Prince August, créée en 1987, est venue étoffer l'offre
commerciale de ce fabricant d'origine suédoise, qui était avant
cela surtout spécialisé dans les moules et les modèles militaires
historiques (et relocalisé en Irlande en 1976).
Avant
le lancement de sa gamme Mithril, Prince August avait lancé en 1984
une gamme de figurines fantastiques nommée « Fantasy Armies »,
et dans laquelle se trouvait un « Démon de feu »,
sculpté par Chris Tubb.
Fire Demon,
référence DE1, Prince August, 1984.
On
le voit, ce modèle offre une interprétation d'une grande fidélité
à la description littéraire de Tolkien, autant par ses attributs
(silhouette et crinière, épée et fouet) que par sa nature
incendiaire, l'entité semblant ici se matérialiser depuis un
bouquet de flammes à ses pieds.
C'est
sous la direction artistique du même sculpteur Chris Tubb que la
collection Mithril Miniatures proposa ensuite uniquement des modèles
sous franchise Terre du Milieu, et originellement destinés au jeu de
rôle de la société I.C.E.
Le Jeu de
Rôle des Terres du Milieu (MERP),
Iron Crown Enterprise, VF 1986.
Ce
jeu eut un rôle déterminant dans production de figurines liées au
monde de Tolkien à la fin des années 80.
Nous avons déjà
vu que les marques Grenadier et Citadel avaient elles aussi acquis
des droits de franchise en 1985 pour développer leurs propres gammes
à destination des rôlistes de J.R.T.M. (dont la première version
anglophone datait de 1984).
Le
partenariat avec ICE a cessé au cours des années 1990, mais Mithril
Miniatures a continué sa production exclusive pour offrir la gamme
la plus étendue au monde de figurines métal ou résine consacrées
à l'oeuvre de Tolkien (plus de 700 modèles ont été produits à
l'heure où nous écrivons ces lignes). Outre leur nombre et leur
inspiration, les figurines Mithril se dintinguent à plusieurs
titres : elles ont toutes été conçues par Chris Tubb (et
forment ainsi un ensemble d'une grande harmonie et d'une continuité
de style remarquable et inégalée dans l'industrie), elles sont à
l'échelle 32 mm (1/56) dite « réaliste » et sont
souvent proposées avec une sous-couche gris mat, elles ne sont pas
limitées au Seigneur des Anneaux mais couvrent les trois Ages de la
Terre du Milieu, avec de très nombreux personnages issus du
Silmarillion. Enfin, elles s'affranchissent totalement des
différentes adaptations graphiques connues de l'oeuvre de Tolkien
pour proposer une gamme originale qui s'appuie sur un style de
sculpture tout finesse, que beaucoup de collectionneurs considèrent
comme le plus proche des évocations littéraires et de la propre
vision de Tolkien.
Malgré
cette profusion de création étalée sur plusieurs décennies, il
n'existe à ma connaissance que deux modèles de Balrogs
commercialisés à ce jour par Mithril. Notons toutefois qu'il existe
également au sein du catalogue deux modèles de « Razarac »
(qui seraient des variations mineures de Balrogs de Morgoth de taille
plus modeste et sans autres armes que leurs griffes, spécifiques aux
déserts du Far Harad), mais cette créature fut une invention des
scénaristes de la société I.C.E. pour étoffer leur jeu de rôle,
et n'existe pas chez Tolkien.
Toujours
disponible à la vente au sein de leur gamme, on peut trouver un
impressionnant modèle de Balrog de la Moria en coffret,
commercialisé en 1994. C'est un kit à la hauteur de la créature de
Morgoth : le corps seul de la créature pèse 250 grammes, et
les onze pièces assemblées avoisinent le demi kilogramme. Son prix
est dérisoire comparé aux kits plastiques désormais vendus par la
concurrence et c'est toujours un plaisir que d'ouvrir cette boîte
neuve avec sa notice d'un seul feuillet, pliée et posée sur les
compartiments en mousse qui contiennent ses différentes pièces
soigneusement moulées.
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Coffret
The Balrog of Moria,
référence MB300, Mithril Miniatures, 1994 |
C'est
un Balrog de l'école bestiale, au corps musculeux, dont les grandes
oreilles et le faciès sont clairement inspirés de la chauve-souris.
Comme si ce démon de l'ancien monde, après des milliers d'années à
se terrer au find fond des mines creusées par les Nains, avait fini
par développer une apparence cavernicole selon un processus qui
verrait ces esprits de feu, ces puissants démons de terreur,
s'incarner physiquement par mimétisme avec leur environnement.
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The Balrog of Moria,
référence MB300, Mithril Miniatures, 1994 |
L'idée est originale, et assez séduisante, et se distingue en tous
cas par une subtilité qui échappe à beaucoup de représentations
de Balrogs.
Une
variante enfouie et assoupie fut proposée en 2011 à l'occasion
d'une édition spéciale, sous la référence MS564 et sous
l'appellation « The Entombed Balrog ».
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The Entombed
Balrog,
référence MS564, Mithril Miniatures, 2011. |
Le
démon est représenté ici avec une tête légèrement plus léonine,
sans armes, son corps accroupi figé dans un sommeil de plusieurs
dizaines de siècles que les Nains n'ont pas encore dérangé. Cette
nouvelle intérprétation originale, comme toutes les éditions
spéciales Mithril, est désormais très difficile à trouver.
Et
les fabricants français dans tout ça ? Ils ont surtout brillé
par leur manque de réactivité dans ce secteur. A l'instar de la
littérature, où la Fantasy a été longtemps méconnue ou dénigrée,
les entreprises traditionnelles ont eu du mal à casser le moule
purement historique et à exorciser le fantôme napoléonien qui
hante le secteur du soldat de plomb dans l'Hexagone...
Le modèle Rackham
La société Rackham
a commercialisé entre 1997 et 2010 des figurines fantastiques très
originales et d'une qualité élevée, mais celles-ci étaient très
spécifiques à leurs systèmes de jeux et à leurs univers,
l'ambition affichée étant alors de s'établir comme éditeur de
jeux et pas seulement comme fabricant de figurines. Hélas sans succès au final.
Toutefois, notons la présence dans leur gamme « Confrontation »
d'un duo de démons ailés nommés « Molochs », l'un armé
d'une hache, l'autre de deux épées enflammées, et au-dessus
desquels il est difficile de ne pas voir planer l'ombre des Balrogs de Tolkien...
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Moloch,
boîte Les
Molochs,
Rackham, 2007. |
Il
s'agit ici d'une réprésentation démoniaque avec cornes et sabots
de bouc assez classique, qui se distingue surtout par sa posture
inspirée des arts martiaux, beaucoup de figurines de cette gamme
étant d'ailleurs marquées par une influence esthétique que l'on
pourrait qualifier d'orientalisante, ou inspirée par la culture
Manga.
Conformément à la réputation de cette marque, la figurine
se distingue par une un scultpure précise, une originalité créative
et une finesse dans son interprétation que l'on pourrait qualifier
« d'élégance à la française » appliquée au monde de
la figurine.
Les
productions Rackham ont été ensuite piratées en
Ukraine. Il se murmure que leur qualité de fonderie, s'il elle
n'atteint pas les originaux, reste dans les standards élevés du
marché et que leurs délais de livraison étaient tout-à-fait
acceptables. S'il est dommage que les créateurs originaux soient
spoliés de leurs droits d'auteur, c'est finalement un hommage à
leur création (et c'est un auteur qui écrit ses lignes).
Les
figurines Fenryll
Créée
en 1991 par Thierry Crabouliet, ce fabricant hexagonal s'est tout de
suite démarqué en coulant uniquement des modèles en résine à une
époque où le métal restait prépondérant. D'abord orienté vers
des modèles de grande échelle plutôt à destination de la vitrine,
Fenryll s'est recentré au milieu des années 90 sur l'échelle 28 mm
- qui reste ultra majoritaire dans le secteur du jeu de figurines
fantastiques.
Il y a bien un modèle au nom de « Balrog »
dans leur catalogue, mais ce n'en est pas vraiment un (mais plutôt
un démon ailé de type saurien à tête de dragon, et sans épée ni
fouet) alors que, bizarrement, deux autres modèles sont nettement
plus proches des Valaraukars de Morgoth...(?).
Le
premier, sculpté par Gaël Goumon et nommé « Démon Majeur »,
propose une version plutôt bestiale, avec une entité humanoïde
rugissante à la musculature développée, affichant quelques
éléments de pelage et armée d'un fouet et d'une épée. Classique
mais assez efficace.
Le
second modèle, dénommé « Le Fils des enfers » fut
sculpté par Yannick Fusier. D'une esthétique plus déshumanisée, ses
lignes nerveuses, son faciès grimaçant et la morphologie de ses
membres antérieurs assument la dimension infernale suggérée par son appellation.
|
Démon
Majeur,
réf. FM097, Le Fils des
enfers,
réf. FM072, Fenryll, 2002-2003 |
Le
second kit résine permet d'armer la figurine soit de deux épées soit
d'une épée et d'un fouet, et on notera que son socle est gravé de
moellons en pierres. Seul son appendice caudal nous paraît
discutable, il est assez grossièrement sculpté et dénote avec la
silhouette générale de la figurine, plus surnaturelle qu'animale.
(Ces deux modèles restent toujours disponibles à la vente sur le
site du fabricant).
Il
serait bien sûr illusoire d'espérer recenser toutes les figurines
produites depuis un demi siècle affichant une descendance plus ou
moins assumée avec le Balrog de Tolkien. On pourrait même
argumenter que toutes les figurines de démons ailés affichant une
dimension guerrière s'en sont inspirées, consciemment ou non (ou
que le Balrog de l'auteur britannique correspond finalement à un
archétype démoniaque déjà solidement ancré dans l'inconscient
collectif occidental).
Les modèles Grim Reaper Casting
On
remarquera quand même que ce fabricant nord-américain,
fondé en Pennsylvanie par des anciens de Grenadier Models et actif
de 1991 à 2005, a produit deux modèles officiellement appelés
Balrog au début des années 90, commercialisés via leur gamme
« Nasteez ».
|
Balrog,
référence 1005, Grim Reaper Casting, circa 1993. |
C'est
une belle figurine de 80 mm de hauteur à la pointe des ailes, et un
Balrog bestial mais plutôt martial, portant cuirasse et épaulière
et armé d'une épée, qui semble interpeller l'adversaire qu'il
désigne du doigt, une gestuelle inhabitelle qui donne du caractère
à cette sculpture.
Il lui manque tout de même un fouet, et son épée
n'est pas un modèle ardent (le modèle de notre collection est par
ailleurs équipé d'une épée de substitution).
Leur seconde figurine, référence 1211, est plus discutable.
Un Balrog bestial qui a passé plus de temps à la salle de musculation que
dans les mines de la Moria, et dont l'aspect général relève sans
doute d'une ironie qui nous échappe (ou du comique
involontaire).
Par ailleurs, il manque un fouet à ce Balrog, et son épée ardente est bien modeste.
Le modèle Reaper Miniatures
Même si ce n'est pas officiellement un Balrog - l'amateur que notre
prose n'aura pas découragé pourra enfin s'intéresser de près au
modèle désigné sous le nom de « Narglauth, démon de feu »,
référence 02654, chez ce fabricant texan.
Une belle figurine de 125g, à la sculpture de grande qualité signée
Bob Olley et initialement diffusée en 2003.
|
Narglauth,
Fire
Demon,
référence 02654, Reaper Miniatures, 2003. |
C'est
là un Balrog dans toute sa bestiale splendeur : pelage abondant et
intégral, faciès très humain, musculature développée, ailes très
organiques. Le modèle est dûment armé d'une longue épée ardente
et d'un fouet. Comme souvent avec les modèles en métal, les ailes
sont moulées séparément et doivent faire ici l'objet d'un
assemblage qui se fera préférentiellement à la colle epoxy au vu
de leurs poids important. Cette représentation fait partie de la
vaste gamme « Dark Heaven Legends » chez Reaper
Miniatures, qui offre près de deux mille références de figurines
fantastiques génériques à destination de tous les publics, qu'ils
soient collectionneurs, peintres ou joueurs.
Et
les Balrogs féminins ?
A
ma connaissance, il n'a jamais été produite une seule figurine de
Balrog femelle. Pourtant, rien dans les écrits ou la cosmogonie de
Tolkien ne l'interdit. Nous avons vu plus haut que l'auteur a fini
par décider que ces entités étaient des Maiar déchus. Or,
ceux-ci, même s'ils sont des entités spirituelles d'essence divine,
s'incarnent au travers d'apparences anthropomorphes, et plusieurs de
ces divinités sont ainsi nommées et décrites comme étant
féminines par l'auteur. L'une d'elles, nommée Arien, est un esprit
de feu. Chargée à l'origine de veiller sur Laureline, l'arbre d'or
de Valinor, Arien fuit ensuite choisie pour guider indéfiniment au
travers les cieux le navire portant le dernier fruit étincelant de
Laureline, étant la seule à pouvoir supporter la lumière et la
chaleur de ce qui deviendra le Soleil de la Terre du Milieu.
Puisque
les esprits de feu féminins existent, rien ne s'oppose à ce que
certaines de ces entités aient pu être séduites par Melkor pour se
muer en Balrogs. Mais cette possibilité n'a pas semblé intéresser
les créateurs de figurines... Que ce soit au travers de l'école
bestiale ou de l'école démoniaque, ce sont toujours des caractères
sexuels secondaires masculins qui ont été mis en avant par les
sculpteurs.
Il
existe pourtant dans l'industrie de nombreux modèles de démons
femelles. Toutefois, ces figurines sont généralement de variations
du thème de la succube, telle Lilith, ce démon féminin ailé de la
tradition hébraïque qui aurait été la première femme maudite
d'Adam. Cette thématique assez universelle et présente sur tous les
continents au travers de nombreuses variantes, incarne et traduit la
crainte masculine d'une sexualité libre et débridée chez la femme.
Ainsi, ces figurines de femelles démoniaques sont souvent proposées
à minima torse nu, si ce n'est totalement nues, et génèrent
forcément un trouble attrait pour l'adolescent qui se lance dans le
loisir, la figurine devenant alors un peu plus qu'un simple
accessoire de jeu ou objet de collection.
Reaper
Miniatures propose ainsi plusieurs modèles différents de succubes
génériques, et le modéliste pourra aisément en faire des Balrogs
femelles, avec un travail de conversion se réduisant généralement
à les doter d'un fouet et d'une épée enflammée.
|
Sirithis,
réf.
02181, Virina,
réf.
03084, Ashakia,
réf.14083, Reaper Miniatures. |
Enfin,
je ne saurais décemment conclure ce mémo sur le Balrog sans un
dernier clin d'oeil à une dernière représentation très populaire
inspirée par celui-ci, et qui rappelera sans doute de nombreux
souvenirs à nos lecteurs quadragénaires.
Gargoyle,
boîte HeroQuest,
MB, 1989 (VF).
Il
s'agit de la pièce en plastique du jeu de plateau « HeroQuest »,
commercialisé en France par la société MB en 1989.
Si elle était
nommée « Gargouille », sa filiation avec le Balrog de
Tolkien n'a besoin d'aucun test génétique...
Laissons
donc les mots de la fin, légèrement modifiés, à Legolas :
Ai !
Ai ! Great numbers of Balrogs are come !
Note de l'auteur : que les lecteurs éventuels de cette étude n'hésitent pas à me communiquer les références de figurines en métal ou résine de Balrog qu'ils identifieraient et que je n'aurais pas recensées (excluant toutefois volontairement de ce panorama et de ma collection les maquettes en injection plastique ou les kits récents issus d'impression 3D, trop nombreux, générés par ordinateur, et de toutes façons désormais presque tous influencés par le Balrog du studio Weta Digital).